Chapitre 2 - Potentiel électrique et condensateurs

2.1 Travail et énergie

2.1.1 Gravité vs. électrostatique

Le mouvement d'une charge q dans un champ E est analogue au mouvement d'une particule de masse m dans un champ gravitationnel uniforme g à la surface de la terre.

Une masse m subit une force de pesanteur Fp

Une charge q subit une force électrique FE

La seule différence majeure entre ces deux forces est que la gravitation n'est que attractive tandis que la force électrique peut aussi être répulsive.

=> L'accélération d'une masse à la surface de la Terre est toujours dirigée vers le bas.

2.1.2 Travail d'une force constante

Le travail d'une force mesure sa contribution à un déplacement.

Définition

Le travail W effectué par une force constante F dont le point d'application subit un déplacement d le long d'un trajet rectiligne est défini par :

W=Fd=Fdcosθ

Le travail est une grandeur scalaire et son unité est le joule J=Nm

Il est positif si F participe au déplacement et est négatif s'il s'y oppose.

2.1.3 Energie

Définition

L'énergie est une grandeur physique abstraite qui demeure en quantité constante dans un système isolé (ne peut ni être créée, ni être détruite, elle se transforme). Elle peut se présenter sous forme cinétique, potentielle, chimique, thermique ou électromagnétique.

Si l'énergie E d'un système est constante et si on connait E à un instant, on connait E dans le futur et on peut prédire comment le système évoluera.

Energie = capacité d'effectuer un travail

2.1.4 Energie potentielle d'une force

Si une force F=F(r) est telle que WC1(AB)=WC2(AB) et WC(AB)=0, elle est conservative.

Définition

Dans le cas d'une force conservative, il existe une fonction Epot(r), appelé énergie potentielle de la force, telle que :

WAB(F)=ΔEpot=(Epot(rB)Epot(rA))

Epot(r) au point P est défini comme l'opposé du travail d'une force conservative entre un point de référence R quelconque situé à la position rRef et un point P situé à la position r.

Epot(r)=WRP(F)

2.1.5 Gravité vs. électrostatique

Champ gravifique

Travail de Fp entre A et B :

WFp,AB=Fpd=Fpdcos0=mg|yByA|mg(yByA)=mg(yAyB)

2.1.6 Champ électrique

Travail de FE entre A et B.

WFE,AB=FEd=FEdcos0=qE|yByA|qE(yByA)=qE(yAyB)

Cela montre que le travail WAB ne dépend pas du chemin reliant le point A au point B. Dans un tel cas, la variation d'énergie associée à WAB est dite potentielle. Elle se note ΔEpot

2.1.7 Potentiel électrique

Soit

ΔEpotE=EpotE,BEpotE,A

avec

ΔEpotE=WFE,AB=qE(yByA)

On a alors :

ϕ=EpotEq=qEyq=Ey

Définition

Soit q une charge plongée dans un champ électrique E. Soit EpotE son énergie potentielle électrique. On appelle potentiel électrique ϕ la grandeur donnée par :

ϕ=EpotEq

l'unité est le Volt V=JC1

Remarques

2.1.8 Equipotentielles

Définition

Tous les points de l'espace qui on le même potentiel électrique ϕ forment une surface appelée surface équipotentielle.

Propriété

En tout point de l'espace, une surface équipotentielle est normale à la ligne de champ électrique passant par le point en question.

2.1.9 Différence de potentiel

Différence de potentiel entre deux points A et B:

Δϕ=ϕBϕA

Tension électrique entre deux points A et B :

UAB=Δϕ=ϕAϕB

Si E est uniforme, alors :

UAB=Ed=Edcosθ=E(yAyB)

d=AB et θ est l'angle entre d et E.

2.1.10 Energie d'une charge dans un champ électrique

Soit une charge q dans un champ E uniforme.

On suppose que la seule force qui s'exerce sur elle est la force électrique FE=qE.

D'après le théorème de l'énergie cinétique :

La variation de l'énergie cinétique d'une charge q dans un champ uniforme E entre les points A et B vaut :

ΔEcin=Ecin,BEcin,A=12mvB212mvA2=q UAB

En effet, ΔEcin,AB=WFE,AB=EpotE,AEpotE,B=qϕAqϕB.

2.1.11 L'électronvolt comme unité d'énergie

L'unité SI de l'énergie est le Joule J.

Dans les problèmes liés à l'électrodynamique, l'énergie acquise ou perdue par une particule chargée se mesure avec des valeurs de d'un ordre de grandeur de 1012 J.

Ce n'est donc pas une unité très pratique en électromagnétisme.

On introduit alors une nouvelle unité, appelée électronvolt, définie par l'énergie acquise par un électron depuis le repos, par une différence de potentiel d'un volt :

1 eV=1.6021019 J

2.2 Condensateurs

2.2.1 Concept de capacité

On appelle condensateur tout composant électrique constitué de deux conducteurs, appelés armatures, séparés par un isolant.

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En appliquant une tension sur le condensateur (deux potentiels différents sur les armatures = différence de potentiel), on amène une charge +Q sur une des armatures et une charge Q sur l'autre.

Dans cette configuration, les charges restent mieux en place : la perte de charges est limitée. Le condensateur peut donc être considérée comme un stockeur de charges.

La quantité de charges Q emmagasinée sur chaque armature est proportionnelle à la tension électrique U entre les armatures :

Q=CU

La constante de proportionnalité C est appelée capacité. Son unité est le Farad : F=CV1.

La capacité d'un condensateur dépend de la taille et de la géométrie des armature ainsi que du milieu isolant entre les armatures.

2.2.2 Condensateur plan

Les armatures sont planes et parallèles. Elles ont la même surface S et sont séparées par une distance d. L'isolant entre les plaques est supposé être de l'air ou du vide.

La capacité d'un condensateurs plan est donnée par :

C=ε0Sd

2.2.3 Condensateur cylindrique

Les armatures sont constituées de deux cylindres coaxiaux : le conducteur intérieur est un cylindre de longueur l et de rayon r1 et le conducteur extérieur est un cylindre creux de longueur l et de rayon r2.

image-20211130091756608

On suppose lr2r1. L'isolant entre les plaques est l'air ou le vide.

La capacité d'un condensateur cylindrique est alors donnée par :

C=2πε0lln(r2r1)

2.2.4 Association de condensateurs

Condensateurs en série

Chaque condensateur porte une charge +Q sur la première armature et Q sur la deuxième. La tension au bornes du ième condensateur, de capacité Ci est donc Ui=QCi. La capacité totale Céqu du système est donc donnée par :

1Céqu=1C1+1C2+...+1Cn=i=1n1Ci

Condensateurs en parallèle

La tension U aux bornes de chacun des condensateurs est la même. La charge Qi portée par l'une des armatures du ième condensateur de capacité Ci est donnée par Qi=CiU. La capacité totale Céqu du système est donc donnée par :

Céqu=C1+C2+...+Cn=i=1nCi

2.2.5 Condensateurs avec diélectriques

Un diélectrique est un milieu dans lequel les électrons ne peuvent pas se déplacer de manière macroscopique : c'est donc un isolant électrique

Observation macroscopique

Quand on introduit un diélectrique entre les armatures d'un condensateur, on observe que sa capacité augmente.

Sans diélectrique, sa capacité vaut C0=Q0U0

Avec un diélectrique, la charge entre les armatures ne change pas. En revanche, la tension va diminuer et vaudra Ud=U0κ, où κ1 est un facteur appelé constante diélectrique. On dit que plus κ est grand, plus le matériau est "un bon diélectrique".

Dans ce cas, la capacité vaut :

Cd=Q0Ud=κQ0U0=κC0

On définit alors ε=κε0 la permittivité électrique du diélectrique en question.

Condensateur plan

Cd=κε0Sd=εSd

Condensateur cylindrique

Cd=κ2πε0lln(r2r1)=2πεlln(r2r1)

2.3 Diélectriques

2.3.1 Description microscopique des diélectriques

Entre les deux armatures d'un condensateur règne un champ électrique E0.

Avec un diélectrique avec molécules polaires (eau) : les moments dipolaires des molécules ont tendance à s'orienter selon E0.

Avec un diélectrique avec molécules non polaires : le champ extérieur crée des dipôles induits dans le diélectrique.

Dans les deux cas, les dipôles produisent un champ électrique induit Eind. Ce champ s'oppose au champ extérieur.

Ed=E0+Eind=E0κ

Plus κ est grand, plus le champ diminue et donc, la capacité augmente.

Un bon diélectrique n'est pas forcément un bon isolant :